Le président Macron a récemment déclaré à plusieurs reprises vouloir « aller vers » une reconnaissance par la France de l’Etat de Palestine courant juin. Oui, la France doit reconnaître l’État de Palestine. Faisons-le au plus vite : c’est le devoir de la France. Le manque de courage à l’égard du gouvernement d’extrême droite suprémaciste de Netanyahou n’a que trop duré. Plus de 50.000 Palestiniens ont déjà été massacrés à Gaza. Les deux tiers sont des femmes et des enfants.
La pression sur le Chef de l’Etat doit être maintenue. Car le chef de l’Etat a d’ores et déjà engagé une reculade après avoir été rappelé à l’ordre par le Crif, devenu le relai caricatural d’une droite israélienne n’ayant jamais accepté l’idée d’un Etat palestinien et dont un des militants a assassiné Yitzhak Rabin. Le président français a dans la foulée exprimé plusieurs conditions à la reconnaissance de l’Etat de Palestine qui, historiquement, ont toujours été la prétexte à refuser cette reconnaissance. Conditions toujours exprimées en direction de la partie palestinienne. Quand dans le même temps le gouvernement israélien peut continuer dans l’impunité le processus de nettoyage ethnique et d’annexion de Gaza et de pans entiers de la Cisjordanie, avec pour objectif même de saper les fondements d’un Etat palestinien viable, disposant des moyens d’exercer sa souveraineté.
C’est pourquoi la reconnaissance de l’Etat de Palestine est indissociable de l’application des résolutions de l’ONU. Cette reconnaissance par la France serait ainsi conforme à la justice, au droit et au mouvement de l’histoire. Le droit inaliénable à l’indépendance et à l’autodétermination du peuple palestinien est reconnu par l’Assemblée générale de l’Onu depuis 1974. Le Conseil de sécurité lui-même s’est prononcé explicitement en faveur d’une solution à deux Etats à de nombreuses reprises. Membre de l’Unesco (2011), observateur à l’Onu (2012), adhérant à des dizaines de traités multilatéraux, l’Etat palestinien est déjà reconnu par près de 150 Etats des Nations-Unies, dont en Europe l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ou la Slovénie.
Cette reconnaissance serait également conforme à la tradition d’indépendance diplomatique de la France qui, de De Gaulle à Mitterrand et Chirac, a marqué son intérêt pour le sort des Palestiniens, défendu en pratique le droit à l’autodétermination et la solution à deux Etats. Notre pays gagnerait à renouer avec cette ligne, niée et refoulée au cours des deux dernières décennies, de Sarkozy à Macron en passant par Hollande. Ce dernier s’était engagé à reconnaître la Palestine, mais s’était empressé, une fois élu, de renier sa promesse.
Evidemment la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France ne mettrait pas fin par miracle à la guerre. Mais c’est une exigence morale que de rappeler la légitimité du peuple palestinien à avoir un Etat au moment ou il est déshumanisé, écrasé sous les bombes, voit ses droits fondamentaux niés. La reconnaissance de l’Etat de Palestine conforme aux résolutions de l’ONU est aussi pour la France une condition pour recouvrer une crédibilité ternie par une interprétation de plus en plus ouvertement sélective du droit international. M. Macron, ne jouez pas avec les espoirs d’un peuple martyrisé.