16mai 2025
Macron sur TF1 : vite, la 6e République !
Mardi soir Emmanuel Macron a tenu une émission de trois heures sur TF1 pour défendre son bilan. Un exercice qu’il a usé jusqu’à la corde, au point de faire perdre tout crédit à la parole présidentielle. Ce d’autant qu’il ne dispose pas de majorité à l’Assemblée, et que le gouvernement est illégitime puisque issu du coup de force contre le résultat des élections législatives de juillet 2024 remportées par le Nouveau Front Populaire. Il reste pourtant fondamental de questionner son bilan, car l’après Macron a déjà commencé. Pour notre part, nous en appelons toujours à son départ, et à l’instauration d’une 6e République : https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2793
Emploi et précarité : le plein chômage
Emmanuel Macron a prétendu avoir impulsé une baisse du chômage officiel à 7,3 %. Mais la réalité est toute autre. Selon la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques) le nombre de chômeurs sans emploi (catégorie A) a bondi à 5,7 millions de personnes, soit +12,8 % en un an. Chez les jeunes de moins de 25 ans, la hausse est encore plus violente : +43,3 % ! Le chômage des plus de 50 ans, à qui les macronistes et leurs alliés demandent de travailler plus longtemps avec l’injuste réforme des retraites imposée contre la représentation nationale et la volonté de la grande majorité des français-es, augmente lui aussi : +4,7 %.
Dans le même temps, 87 % des embauches en 2023 sont en CDD ou en intérim. Les CDI reculent. Les « emplois créés » sont en grande majorité précaires, mal rémunérés, et ne permettent pas de vivre dignement. Résultat : la pauvreté a explosé sous Macron, avec +545 000 personnes pauvres depuis 2017, franchissant le seuil des 9 millions (INSEE – Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques). Le chômage des jeunes reste à 19 %, très loin des promesses.
Et pendant qu’il promet le « plein emploi », Macron poursuit une politique de guerre sociale : durcissement de l’assurance-chômage, radiations administratives massives, culpabilisation des chômeurs. En 2025, on compte en moyenne 16 demandeurs pour un seul emploi disponible, et entre 150 000 et 300 000 emplois sont menacés ou déjà supprimés cette année.
Inégalités fiscales : des milliards pour les riches, l’austérité pour le peuple, et une menace de « TVA sociale »
Macron a relancé la proposition de « TVA sociale », qui serait une nouvelle aggravation de la guerre sociale mené au plus grand nombre. Car il ne s’agirait rien d’autre que de compenser les cadeaux fait aux plus riches en augmentant l’impôt le plus injuste qui soi, à savoir la TVA, que tout le monde paie au même taux en faisant ses courses, indépendant de son niveau de richesse.
Il a vanté en parallèle ses baisses d’impôts, sans préciser qu’elles ont profité aux plus riches et appauvri l’État et les collectivités territoriales, donc aggravé la disparition des services publics : suppression de l’ISF (Impôt sur la Fortune - 4 à 5 milliards d’euros par an), instauration de la flat tax limitant drastiquement le taux d’imposition sur les revenus du capital alors qu’en parallèle les dividendes du CAC 40 ont explosé au profit des actionnaires. Pendant ce temps, contrairement à la propagande médiatique présentant la France comme un « enfer fiscal » pour les riches, la taxation des grandes fortunes et des multinationales reste en dessous de la moyenne européenne.
En définitive, comme l’indique un récent rapport d’Attac (Association pour la Taxation des Transactions Financières et pour l’Action Citoyenne) « La dette de l’injustice fiscale » s’élève à 308 milliards d’euros perdus entre 2018 et 2023 à cause des cadeaux fiscaux faits aux plus riches et aux grandes entreprises :
• 24,16 milliards € : suppression de l’ISF
• 10,8 milliards € : flat tax sur les revenus du capital
• 43,94 milliards € : baisse du taux d’impôt sur les sociétés (de 33,3 % à 25 %)
• 33,45 milliards € : baisses d’impôts de production (CVAE, CFE, taxe foncière)
• 104,71 milliards € : exonérations de cotisations patronales issues du CICE
• 18 milliards € : exonérations sur les heures sup et substitution par la CSG
Ces mesures représentent 35 % de l’augmentation de la dette publique. Sans elles, la dette serait à 99 % du PIB (Produit Intérieur Brut), contre 109,9 % aujourd’hui. La dette n’est donc pas un héritage ou une fatalité, mais le fruit de choix politiques au service d’une minorité.
Le plus grave est que ces cadeaux aux plus riches n’ont ni favorisé l’investissement, ni créé d’emploi en proportion des montants : France Stratégie estime le coût du CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et pour l’Emploi) à 200 000 euros par emploi créé ou sauvegardé ! Une gabegie, alors que nos hôpitaux ferment, que nos écoles croulent sous les effectifs, et que les Français peinent à joindre les deux bouts.
Services publics à l’abandon
Depuis 2017, Macron a supprimé plus de 4 500 lits d’hôpitaux (DREES – Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques). La situation dans les services d’urgences et les maternités est dramatique. Dans l’Éducation nationale, le taux d’encadrement est parmi les plus faibles d’Europe avec des classes surchargées et des conditions de travail qui se dégradent.
Dans le secondaire, ce sont près de 8 000 postes d’enseignants titulaires qui ont été supprimés en cinq ans, remplacés par des contractuels précaires. À l’université, le budget réel par étudiant a baissé de 10 % depuis 2017, entraînant surcharge des amphithéâtres, précarité étudiante et burn-out chez les vacataires. Partout, les services publics souffrent de la même logique : moins pour les besoins collectifs, plus pour les dividendes.
Réforme des retraites et déni de démocratie
Emmanuel Macron refuse catégoriquement un référendum sur la retraite à 64 ans, imposée sans vote par le 49.3, malgré une opposition massive des Français. Cette réforme brutale, rejetée dans la rue et dans les urnes, piétinant la démocratie parlementaire et la démocratie sociale, illustre sa méthode : passer en force contre le peuple. En un an, 11 recours au 49.3 ont été utilisés et 23 en l’espace de 18 mois pour le gouvernement Borne : un record sous la 5e République !
Urgence écologique ignorée
La France a été condamnée deux fois par le Conseil d’État pour inaction climatique. En 2023, les émissions ont baissé de seulement 5,8 %, alors qu’il faudrait doubler ce rythme pour respecter nos engagements. Rien sur la sortie des énergies fossiles, rien sur la taxation du kérosène, et toujours un soutien aveugle à TotalEnergies.
La « planification écologique » de Macron, c’est du greenwashing. Pendant ce temps, les projets climaticides comme l’autoroute A69 ou les mégabassines continuent, les militants écologistes sont criminalisés, l’agriculture familiale et biologique est sacrifiée au profit de l’agro business et de la grande distribution qui se gavent sur le dos des producteurs et des consommateurs en engrangeant des marges inacceptables.
Dérive autoritaire et répression sociale
En 2023, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU (Organisation des Nations Unies) a une nouvelle fois épinglé la France pour usage excessif de la force contre les manifestants. Aucune remise en cause, aucune réforme. Pire encore : Macron annonce l’extension des pouvoirs des polices municipales. Pendant ce temps, les dissolutions administratives de collectifs militants (Soulèvements de la Terre, Jeune Garde Antifasciste, Urgence Palestine etc.) se multiplient.
Politique internationale erratique, alignée, inaudible
Le président a dénoncé verbalement le gouvernement israélien d’extrême droite pour ses crimes contre l’humanité et sa guerre génocidaire à Gaza, parlant de « honte ». Il était temps ! Mais il refuse toute action concrète susceptible de stopper ce gouvernement : pas de sanctions, pas de suspension des ventes d’armes, des conditions mises à la reconnaissance de l’État palestinien prévue pour la retarder toujours plus. Alors que la grande majorité des pays du monde, dont plusieurs pays européens, l’ont déjà fait ! Et alors que l’Assemblée nationale a déjà voté une résolution en ce sens en 2014.
Sur la guerre en Ukraine, il aura dit tout et son contraire : il y a un an nous étions accusés de soutenir Poutine parce que nous nous oppositions à son annonce de possible envoi de soldats français en Ukraine Désormais il dit le contraire. Quand nous disions que la France devait pousser à l’ouverture de négociations sans attendre que l’agresseur et l’agressé soient d’accord sur tout, nous étions accusés de faire le jeu de Poutine. Désormais, Macron dit que l’Ukraine devra renoncer à une partie de son territoire. Il exclut l’envoi de soldats français, après avoir encore dit le contraire il y a une semaine. Bref, la liste serait longue des impasses dans lesquelles se sont enfermées tous ceux qui comme E Macron ne juraient que par l’alliance avec les Etats-Unis alors qu’il était urgent de prendre acte du fait que les priorités de ces derniers allaient changer. Faute d’avoir voulu imposer des négociations dans de meilleures conditions pour l’Ukraine, faute d’avoir refusé de comprendre qu’aucune issue militaire acceptable n’existait à cette guerre, la France, l’Europe et l’Ukraine se voient imposer par Trump un cadre profondément défavorable et dangereux pour notre sécurité collective. Il y a un an, lors d’un débat sur la stratégie de la France en Ukraine, j’avertissais avec mes camarades. Le gouvernement de stratèges en chambre dirigé par Gabriel Attal nous a caricaturé en pro-Poutine, en « capitulards ». Nous avions pourtant vu juste : https://www.youtube.com/watch?v=KdVOcsXmXzo
Bref, le président usant et abusant d’un vocabulaire identitaire et guerrier masquant son renoncement à la souveraineté, le président qui avait prétendu en 2017 renouer avec la tradition de politique étrangère indépendante pratiquée par la France des années 1960 aux années 2000, le président qui a dit tout et son contraire, n’aura été que le continuateur, au pire moment, du réalignement de la France dans le camp « occidental » et « atlantiste ».
Un autre monde est possible !
Pour retrouver toutes les propositions alternatives que je défends à l’Assemblée nationale avec mes camarades, c’est ici