Arnaud Le Gall

03avril 2025

Le RN pris à son propre piège : retour sur la condamnation de Marine Le Pen

Depuis la condamnation de Marine Le Pen, le Rassemblement national hurle à la “persécution” et se répand sur les plateaux TV et réseaux sociaux. Mais que disent les faits ? Le tribunal a rendu 152 pages d’un réquisitoire implacable : une fraude massive, organisée, assumée. Pas un accident. Pas une zone floue. Un système structuré de détournement de fonds publics, orchestré au cœur du RN.

Entre 2004 et 2016, 4,1 millions d’euros d’argent public ont été siphonnés via de faux contrats d’assistants parlementaires, rémunérés par le Parlement européens.

Selon le tribunal Marine Le Pen était “au cœur” du système. Elle décidait des embauches. Et les contrats étaient optimisés pour financer le parti, améliorer le “confort de vie” de ses cadres surpayés, et masquer les difficultés financières.

Jean-Luc Schaffhauser, député européen RN à l’époque, écrit noir sur blanc à Wallerand de Saint-Just, alors trésorier du RN :
“Ce que Marine nous demande équivaut à ce qu’on signe pour des emplois fictifs.”
Réponse du trésorier :
“Je crois bien que Marine sait tout cela…”

Et pendant que les dirigeants du RN se servaient, ils osaient encore vendre le slogan : “Tête haute, mains propres.”

Voilà le vrai visage du RN : raciste dans le discours, voleur dans les faits. L’extrême droite ne se contente pas de diviser, elle pique dans la caisse, au mépris des règles les plus élémentaires. Tout en pointant du doigt les boucs-émissaires qu’elle accuse de tous les maux.

Au regard de ce très lourd dossier, et de ce que prévoit la loi en la matière, la peine d’inéligibilité est justifiée. Le désaccord que nous avons exprimé ne réside pas là. Notre programme prévoit l’inéligibilité pour les personnes condamnées pour corruption, qu’elles soient corrompues ou corruptrices.

Notre désaccord réside dans l’exécution immédiate de la peine d’inéligibilité, sans attendre que le procès en appel ait lieu. Nous avons toujours affirmé notre opposition à cette application automatique, sauf cas très particuliers nécessitant notamment une protection immédiate des victimes. Nos principes ne varient pas selon qu’ils sont appliqués à des amis ou à notre plus farouche adversaire qu’est l’extrême droite. Contrairement au RN, qui, lui, veut une justice toujours plus dure pour le peuple, à base de comparutions immédiate à la chaîne et de peines automatiques, mais demande l’indulgence pour Mme Le Pen. Puis ses sbires menacent les magistrats dont les décisions ne conviennent pas. Cela en dit long sur sa conception de la démocratie.