Arnaud Le Gall

03avril 2025

De quoi la guerre commerciale de Trump est-elle le nom ?

Donald Trump ne s’attaque pas à la mondialisation capitaliste. N’en déplaise aux néolibéraux, et notamment aux dirigeants de l’Union européenne, qui croient que le capitalisme serait par essence « démocratique », basé sur « la concurrence libre et non faussée » et le « libre-échange » etc. Donald Trump s’attaque au capitalisme néolibéral reposant notamment sur le libre-échange généralisé, sur des règles multilatérales plus ou moins respectées et favorisant les acteurs dominant du capitalisme mondialisé. Les Etats-Unis ont perdu leur hégémonie sur la mondialisation néolibérale. Mais loin de rompre avec le modèle capitaliste, Donald Trump répond en essayant d’imposer une autre forme de mondialisation capitaliste. Celle-ci est basée sur la militarisation des rivalités commerciales, sur l’établissement de monopoles – notamment dans le domaine numérique – reposant non plus sur l’innovation mais sur la prédation des données et le capitalisme de surveillance ou encore une forme de néo-impéralisme décomplexé marqué par le retour des revendications territoriales et la prédation à l’état pur sur les matières premières stratégiques. Ces tendances étaient déjà présentes sous le mandat de Biden, avec l’Inflation Reduction Act, ou avec les souhait exprimés par l’ancienne directrice de la banque centrale américaine (FED) d’une nouvelle mondialisation « entre ami » – sous-entendu sans la Chine. Mais la brutalité avec laquelle Trump opère ce mouvement, et ses finalités extrêmes, portent en elles le risque d’une crise boursière et économique généralisée, dont les premières victimes seraient les travailleurs étasuniens eux-mêmes.

Les néolibéraux européens, Macron en tête, répondent à ces annonces douanières en s’accrochant au modèle de la mondialisation néolibérale. En quémandant des exceptions. En annonçant sans jamais franchir le pas une réponse « musclée » à la guerre commerciale lancée outre atlantique. Au services des plus fortunés, des grands bénéficiaires de la mondialisation néolibérale, ils ne savent et ne veulent pas penser en dehors de ce cadre.

Mais c’est une impasse. D’abord parce que la mondialisation néolibérale repose tout autant que le capitalisme promu par Trump sur l’exploitation et la mise en concurrence des travailleurs, sur la destruction d’un environnement compatible avec une vie humaine digne, voire la vie humaine tout court. Ensuite parce qu’il sera impossible dans le cadre d’un retour illusoire à la mondialisation néolibérale classique de répondre aux conséquences dévastatrices de la politique décidée par Trump. D’ailleurs, les industriels auxquels Macron demandent de suspendre les investissements aux États-Unis sont les premiers à avoir été négocier plus d’investissements aux États-Unis pour essayer de maintenir leur position sur ce marché.

Il existe une autre voie, celle du protectionnisme écologique et solidaire. Elle n’a rien à voir avec la guerre commerciale que lance Trump. Elle a tout à voir avec l’altermondialisme, la relocalisation des circuits de production et de consommation dès lors que cela est possible, l’imposition de règles écologiques et sociales stoppant la concurrence par le bas, l’indépendance énergétique etc. C’est ce que nous proposons dans l’Avenir en commun, et que nous rappelons dans notre communiqué.