Arnaud Le Gall

13novembre 2025

Contribution française au budget de l’UE dans le cadre du projet de loi de finances 2026

3 minutes pour rendre un avis sur un prélèvement de près de 29 milliards d’euros au budget de la nation au profit de celui de l’Union Européenne. La France donne 12 milliards de plus que ce qu’elle reçoit.

29 milliards c’est 24,6 % de hausse par rapport à 2025. Cela interroge, a fortiori dans un budget 2026 fait de coupes budgétaires massives qui aggraveront les conditions de vie de la majorité des habitants de notre pays.

Ce chiffre n’est pas qu’un montant. C’est un choix politique, imposé aux Français-es contre leur vote de 2005. Celui d’une Europe néolibérale réclamant toujours plus aux budgets nationaux qui, avec la part de TVA, représentent 88% de ses ressources. Chaque année la facture grimpe mécaniquement. Et il faudrait valider sans broncher, sous peine d’être taxés d’anti-européens.

Nous ne sommes pas opposés par principe à une contribution nationale au budget européen. Mais pour quoi faire ? où va l’argent ?

L’exemple de la Politique Agricole Commune est édifiant. 55 milliards. Mais à qui ? Aux plus grandes exploitations, les aides étant calculées à l’hectare et non par types de productions. 80 % des aides vont à 20% des exploitations. L’agriculture paysanne et biologiques, les circuits courts et la polyculture, essentielle à notre souveraineté alimentaire, sont sacrifiés. Et le pire est à venir si l’accord UE-Mercosur est imposé, avec la complicité non assumée des gouvernements macronistes successifs.

48 milliards d’euros vont ensuite à une politique dite de cohésion qui prétend réduire les fractures sociales et territoriales européennes.

Mais l’Union européenne néolibérale est un système de compétition entre les territoires et les travailleurs. L’Europe qui demande de l’argent pour la cohésion est la même que celle qui creuse les inégalités.

Et que dire de la politique industrielle et commerciale ? Notre industrie est plombée par l’absurde fonctionnement du marché européen de l’électricité. Dans le secteur numérique l’Union n’applique même pas les modestes règles qu’elle s’est fixée, et abandonne toute ambition par peur de déplaire aux puissants GAMAM étasuniens. Sur tout le reste la présidente de la commission, avec l’aval des chefs d’États, a capitulé en signant avec Trump un deal prévoyant l’achat aux Etats-Unis de 750 milliards d’euros de produits énergétiques, quand l’urgence est à construire notre indépendance dans ce domaine. Et 600 milliards d’euros d’investissement aux Etats-Unis, quand l’urgence est à réindustrialiser l’Europe.

Enfin, quelle crédibilité a cette Europe aux yeux des peuples du monde quand elle affiche un tel poids deux mesures en matière de droit international. L’UE a été capable de mettre en place 19 trains de sanctions contre la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine. Mais incapable de remettre en question l’accord d’association avec Israël, en plein génocide.

Je pourrais, hélas, poursuivre ce réquisitoire.

L’Union européenne a besoin d’argent ? Qu’elle adopte, comme le propose notre groupe au parlement européen une taxe Zucman européenne qui pourrait rapporter 67 milliards en ressources propres. En Europe, comme en France, il est plus que le grand nombre cesse de subventionner par un système fiscal injuste un capitalisme de rente.

En attendant, j’émets un avis défavorable à l’adoption de l’article 45 du PLF en l’état.