Arnaud Le Gall

16décembre 2025

Intervention au meeting « Pour la libération de toutes et tous les prisonnier·e·s politiques et d’opinion en Tunisie »

Intervention au meeting « Pour la libération de toutes et tous les prisonnier·e·s politiques et d’opinion en Tunisie », mardi 16 décembre 2025, Bourse du travail, Paris

Merci au Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie pour avoir organisé ce meeting de solidarité avec les opposants et opposantes à la dictature de Kais Saeid, et qui paient cette opposition de leur liberté.

La solidarité avec les personnes emprisonnées en Tunisie en raison de leurs opinions est une question de principe et une nécessité politique.

Question de principe, parce que oui les droits humains sont universels. A fortiori lorsque les peuples souverains s’en saisissent. Et il est insupportable de voir ce combat manipulé gré des circonstances et des intérêts. Oui, cela a déjà été dit mais il faut le redire, on entend bien peu au sujet de la Tunisie nombre de ces dirigeants européens et français. Ces mêmes dirigeants qui passent leur temps à parler des « valeurs européennes », ou « occidentales », sans même plus savoir ce qu’ils désignent. Comme s’ils avaient le monopole des droits humains. Et comme si la majorité des dirigeants européens ou occidentaux étaient exemplaires. Eux qui n’ont rien fait contre le génocide à Gaza, entre autres manquements gravissimes à leur soi-disant « valeurs » qui dans leurs bouchent ne valent rien.

On les voit ces dirigeants comme Macron ou Melloni poser tout sourire avec Kaïs Saied. Leur seul objectif est de garder quelques parts de marché, ou d’obtenir que le régime tunisien réprime les migrants de son pays ou d’Afrique subsaharienne avant qu’ils ne se lancent dans la traversée de la Méditerranée. Il faut dénoncer ce double langage insupportable. Raison pour laquelle demain sera débattue en commission à l’assemblée, à l’initiative de ma collègue et camarade Daniele Obono, une proposition de résolution européenne visant à condamner les atteintes aux droits fondamentaux des personnes migrantes en Tunisie et à appeler libération immédiate et inconditionnelle des personnes détenues pour leur engagement humanitaire et en faveur des droits humains

Je l’ai dit, la solidarité avec les personnes emprisonnées en Tunisie en raison de leurs opinions est aussi une nécessité politique ici et maintenant. La lutte contre la dictature en Tunisie est aussi la nôtre.

Parce que nos adversaires ont le même objectifs et les mêmes méthodes. Confisquer le pouvoir, donc réprimer les aspirations populaires, mettre la justice au service de la répression, diviser, tout ramener à leurs obsessions identitaires et racistes. Partout la même logique de contre-révolution. Oui il faut le dire et le redire car c’est tout le sens de leur lutte : les opposants politiques tunisiens s’inscrivent dans la continuité de la révolution citoyenne déclenchée en 2011. Pour beaucoup ils en ont été des acteurs ou actrices. Plus que jamais, en ces temps sombres, nous devons nous souvenir de la voie ouverte, ou rouverte, par la révolution tunisienne de 2011. Plus que jamais il faut garder confiance dans la capacité du peuple tunisien à redevenir un acteur politique, souverain, reprenant son destin en main. Parce qu’il veut voir sa dignité et sa liberté reconnues et appliquées. Et parce qu’il ne veut pas du chaos. Le dictateur prétendait rétablir l’ordre, comme toujours. Mais il n’a fait qu’aggraver les pénuries de toute sorte, le chômage, les désastres environnementaux. Et il piétine les libertés fondamentales.

D’ailleurs le peuple tunisien est déjà en mouvement. Si le pouvoir amplifie la répression à tous les secteurs de la société, c’est aussi parce qu’il sait que la colère monte. Si il élargit la répression à la glorieuse UGTT, c’est parce qu’il voit se multiplier les grèves, les luttes, les grèves de la faim, pour la défense des droits politiques, économiques, sociaux, environnementaux bafoués.

En Tunisie comme ailleurs, les peuples sont puissants quand ils sont unis sur des revendications rompant avec l’ordre injuste et autoritaire en place. Le pouvoir sait que la colère monte, et que les luttes convergent. Alors il réprime. Mais tôt ou tard la brèche s’élargira, et le peuple tunisien rétablira les conquêtes de la révolution déclenchée en 2011.

Vive la solidarité internationaliste,

Vive l’amitié entre le peuple français et le peuple tunisien.